Du statut d’ONG à celui de lobby environnemental : un combat stratégique ?

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« Faire la politique autrement ». Tel était l’adage des altermondialistes et des environnementalistes convaincus. Il faut cependant bien se structurer si l’on souhaite porter ses revendications au-delà du niveau local.

Ainsi, des groupes sont nés dans les années 1960, comme ATTAC, Greenpeace ou WWF, qui représentaient une population très marginale, c’est-à-dire une population qui croyait fermement à une intervention nécessaire des pouvoirs publics face au réchauffement climatique. Cette population, très hétéroclite et présente dans le monde entier, s’est finalement forgée et érigée au rang de groupes d’intérêt européen : les fameux lobbys. Intéressons-nous à WWF (World Wide Fund for Nature), qui est l’une des premières ONG à avoir installé un bureau à Bruxelles.

Qui fait du lobbying environnemental ?

L’Environnement est un domaine transversal, c’est-à-dire qu’il touche autant l’énergie, l’agriculture que le tourisme. Dès lors, lister tous les lobbys qui agissent en faveur de l’environnement n’est pas chose aisée. Des lobbys agrochimistes vont tout à fait pouvoir tenter d’avoir une approche innovante en matière d’environnement, cependant ce ne sera pas leur activité principale : peut-on alors les classer au même rang que Greenpeace par exemple ? Toutefois, depuis 2008, les lobbys sont obligés de s’enregistrer auprès de la Commission, sur le « Registre de la transparence » et doivent choisir leurs thèmes d’action, et au moins 50% cochent « Environnement ».

Les lobbys qui tentent d’avoir un poids dans les décisions environnementales sont de trois formes : les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et les Organisations Internationales Non Gouvernementales (OING), qui ont davantage de revendications politiques. Et les groupes d’intérêt formés d’experts, qui agissent dans le but de fournir une expertise scientifique sur les risques de pollution de produits chimiques par exemple, sur les solutions technologiques innovantes en termes d’économie d’énergie ou de réduction des gaz à effets de serre (GES). Last but not least, les lobbys qui agissent dans un domaine particulier, comme l’agriculture, mais qui vont avoir des objectifs verts.

Jouer le « jeu » de Bruxelles

Le but de ces groupes d’intérêt est donc de jouer le jeu de Bruxelles en passant nécessairement par le compromis à l’issu des négociations. En effet, au vue de la pluralité des acteurs et des groupes d’intérêt qui font pression, la plupart des décisions sont le fruit d’un compromis. De plus, géographiquement, ce sont les plus proches des institutions décisionnaires européennes. Ainsi, quand un projet de directive ou de règlement est proposé, il va s’agir de prendre rendez-vous avec un parlementaire susceptible d’apporter des voix en faveur de ces groupes.

À l’origine, WWF est une ONG qui a vocation à se battre pour la protection de l’environnement et de la biodiversité. En s’installant à Bruxelles, son combat se tourne contre les multinationales. Car un lobby cache forcément son adversaire.

Le rôle de WWF et ses victoires

Les trois objectifs de l’ONG sont de conserver la biodiversité de la planète, de s’assurer d’une utilisation durable des ressources naturelles, et enfin de promouvoir une réduction de la pollution et du gâchis. WWF va donc fournir une expertise dans les domaines de la pêche durable, de la lutte contre la déforestation, etc. Elle va également tenter de faire intervenir la voix des citoyens européens dans le sens où l’approche de son action se concrétise en fonction des besoins de tel ou tel terrain particulier, comme la pêche sur les côtes.

WWF seule, même avec son budget conséquent pour une ONG, n’est pas grand-chose sur la scène internationale, elle pourrait difficilement faire signer de grands traités européens ou internationaux. Ainsi, avec l’aide d’autres ONG, WWF s’est notamment élevée contre des lobbys de l’énergie fossile devant le Conseil de l’UE de sorte à faire pression avant la COP 21 qui s’est tenue à Paris en novembre 2015. Elle se réjouit donc de la signature de ce grand traité dans lequel l’organisation a vraiment joué un rôle auprès des institutions européennes et des Etats membres « clés » pour leur faire prendre conscience de leur importance dans les négociations. Elle s’est aussi tournée vers les journalistes de Bruxelles dans ce cadre, dans une logique de transparence et avec la volonté d’intégrer pleinement les citoyens européens à chaque étape des négociations européennes.

Alors même si faire du lobbying pour une ONG qui est à la base une organisation voulant « agir autrement » peut sembler hypocrite pour certains, il faut reconnaître que ce sont les institutions de l’Union européenne ainsi que les Etats membres qui signent les traités et qui engagent les réductions de GES auprès de leur population. Cela ne retire cependant rien à la nécessité pour ce groupe d’agir à l’échelle locale.

Anais De Muret

Étudiante en Master 2 Études européennes, stagiaire chez URBACT, toujours en quête d’actions vertes et passionnée par la complexité et la diversité des villes européennes.

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