Le virage à droite autrichien prend forme

Dimanche 15 octobre ont eu lieu en Autriche les élections législatives où on a pu voir arriver en tête le parti chrétien-démocrate ce qui laisse présager un tournant très à droite pour le pays.

Ce vote met fin à deux années électorales qui ont bousculé l’échiquier politique mais aussi le processus démocratique en lui-même. Après avoir subi un lourd échec et accusé de vives critiques lors des élections présidentielles de 2016, le chancelier social-démocrate Werner Faymann annonçait sa démission deux semaines seulement après le premier tour. Puis, en mai 2017, le ministre des Affaires étrangères autrichien, Sebastian Kurz, tout juste élu chef du parti conservateur ÖVP à 98,7%, met fin à la coalition avec le SPÖ après presque 10 ans de pouvoir partagé, entraînant ainsi des élections législatives anticipées.

Une campagne très à droite qui se termine sur un scandale

À l’image de la campagne présidentielle, les débats des législatives ont été dominés par les thèmes favoris de l’extrême droite, ce qui peut expliquer l’échec des sociaux-démocrates. Ainsi, les questions autour de l’islam, de la radicalisation et de l’immigration ont dominé, les autres thématiques étant très rapidement rattachées à ces sujets.
Les observateurs ont qualifié cette campagne comme « une des plus sales » que le pays ait connue. En effet, outre la présence d’un discours nationaliste décomplexé, le débat a été entaché par un scandale autour de fausses pages Facebook mis en lumière par la presse autrichienne. Cette affaire repose entre autres sur le dénigrement de Sebastian Kurz, et serait le fait de Tal Silberstein, cerveau de la campagne du SPÖ et ami de Christian Kern, alors chancelier en difficulté.

Victoire de la droite et disparition des verts

A l’issu de ce scrutin à la proportionnelle, 80% des électeurs inscrits ont décidé de l’avenir politique de l’Autriche. Les résultats définitifs du scrutin n’ont été connus qu’en fin de semaine, le décompte des votes par procuration n’étant pas encore finalisé, mais la tendance est restée identique.
Les Verts passent sous la barre des 4% nécessaires pour siéger au Parlement avec seulement 3,8% des suffrages exprimés, soit une chute de plus de 8 points par rapport aux élections de 2013. Un résultat qui s’explique néanmoins par le score de 4,4% de la dissidente « Liste Pilz », du nom de son chef de file et ancien membre des Verts, Peter Pilz, créée après son départ du parti. Les sociaux-démocrates du SPÖ, jusqu’alors à la tête du gouvernement, rassemblent 26,9% des voix et arrivent donc en deuxième place. Les NEOS, initiative civile et libérale, obtiennent 5,3% des suffrages.
Le parti nationaliste avec 26% obtient 52 sièges, représentant ainsi la troisième force du nouveau Parlement. Un score qui permet au FPÖ de prétendre à une place dans le futur gouvernement. La présence de l’extrême droite en Autriche n’a en effet jamais été un tabou.

Wunderwuzzi, futur chancelier fédéral

C’est ainsi le parti chrétien-démocrate qui remporte les élections législatives avec 31,5% des voix obtenant 62 sièges. Sebastian Kurz, chef du parti, prendra donc la tête de la majorité du Parlement, ce dernier le nommera par la suite officiellement chancelier.
Wunderwuzzi, « l’enfant prodige » comme il est parfois appelé, a eu une carrière fulgurante. À 16 ans, il rejoint l’ÖVP. S’il s’oriente dans un premier temps dans des études de droit, il en vient rapidement à la politique. Il est nommé à 24 ans seulement secrétaire d’État à l’intégration et devient en 2013 ministre des Affaires étrangères. Il contribue notamment à la fermeture de la route des Balkans et s’engage contre l’immigration illégale pour « assurer l’ordre et la sécurité en Autriche ».
Le jeune mais expérimenté Sebastian Kurz doit à présent former un gouvernement et pour cela, créer une coalition. Après une campagne très à droite, fera-t-il alliance avec les nationalistes, ce qui n’a pas eu lieu depuis 2000 ? Les paris sont lancés.

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