Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (18.02 – 24.02)

Le Sommet de Visegrad à Jérusalem remplacé par des discussions bilatérales, « Manifeste » franco-allemand pour le renforcement de l’industrie européenne, fermeture de Danske Bank dans les pays baltes et en Russie, réunion informelle des ministres de commerce de l’UE concernant les négociations commerciales avec les États-Unis, élections législatives en Moldavie : dilemme entre le rapprochement avec l’UE ou la Russie : les actualités européennes de la semaine.

Israël : Le Sommet de Visegrad perturbé par le bras de fer diplomatique entre la Pologne et l’Israël

Le Sommet de Visegrad, regroupant quatre pays : la Hongrie, la Pologne, la République Tchèque et la Slovaquie, qui était censé avoir lieu en Israël dès lundi soir, a été décalé pour une date située après les élections israéliennes. Cela fait suite à un renoncement de la participation de la Pologne au Sommet du lundi 18 février à cause d’un discours « scandaleux et raciste » énoncé par le nouveau ministre des affaires étrangères israélien Yisrael Katz. En effet, interrogé par la chaîne i24 News sur le propos du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou concernant le rôle des Polonais dans l’Holocauste, Yisrael Katz n’a que jeté de l’huile sur le feu aux relations déjà très tendues entre la Pologne et l’Israël en disant que « les Polonais boivent l’antisémitisme dans le lait de leur mère ». En signe de solidarité avec la Pologne, le Premier Ministre tchèque Andrej Babis a ensuite annoncé que le Sommet de Visegrad était annulé et qu’il serait remplacé par des discussions bilatérales entre les trois autres pays de Visegrad et Benyamin Netanyahou.

Le Premier ministre israélien a depuis 2017 encouragé ses quatre partenaires à organiser le Sommet de Visegrad à Jérusalem. Cinq semaines avant les nouvelles élections législatives, il cherchait surtout à se présenter comme un homme politique fort qui savait réussir à resserrer les alliances avec les différents régimes conservateurs pour influencer la politique européenne en faveur de son pays, face au discours pro-palestinien du reste de l’Europe.

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Allemagne : Le tandem franco-allemand cherche à renforcer l’industrie européenne

À Berlin, le mardi 19 février, le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire et le ministre allemand des affaires économiques et énergétiques ont présenté le « Manifeste franco-allemand pour une politique industrielle européenne adaptée au XXIe siècle ». Ce manifeste du tandem franco-allemand, étant une réponse au refus donné par la Commission européenne de la fusion Alstom-Siemens, préconise des modifications des règles de la politique de concurrence. Selon Le Figaro les deux hommes politiques invoquent l’attribution du « droit d’évocation » au Conseil européen pour qu’il ait le dernier mot en matière de concurrence à la place de la Commission.

Toujours en vue de protéger l’industrie européenne face au progrès constant de la Chine et des États-Unis, les deux homologues ont également exprimé leur volonté « d’établir une cellule de production industrielle de batteries en Europe ». Aujourd’hui la production de batteries représente 40% de la valeur de la voiture électrique. Elle est majoritairement assurée par la Chine, ce qui risque de frapper l’industrie automobile européenne de demain. C’est ainsi que la France et l’Allemagne sont prêtes à investir d’énormes montants dans la construction d’une usine dans chaque pays d’ici à 2022. De plus, l’enjeu climatique se cache aussi derrière ce plan car l’usage des véhicules électriques pourrait permettre de respecter les engagements des pays européens visant à réduire les émissions de CO2.

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Danemark : Une banque danoise ferme ses activités dans les pays baltes et en Russie

L’autorité estonienne de surveillance financière a informé le 19 février que la succursale locale de la banque danoise Danske Bank avait huit mois pour arrêter ses opérations dans le pays. Ceci était suivi par l’annonce de la banque danoise de la mise à terme de ses activités dans d’autres pays baltes et en Russie. La décision des autorités estoniennes est le résultat d’une affaire de blanchiment d’argent dans le cadre de laquelle cette petite succursale a vu passer des transactions suspicieuses d’un montant total de 200 milliards d’euros au cours des années 2007-2015. D’après les enquêteurs 15 000 clients non-résidents dont de nombreux Russes auraient été impliqués dans ces actions illégales. Cependant, la Banque centrale estonienne estime qu’étant donné que la banque a déjà en 2015 mis fin à ses services destinés aux particuliers en Estonie et qu’en 2018 il est devenu impossible pour les entreprises locales des pays baltes d’ouvrir les comptes bancaires, sa fermeture n’aura pas d’effets néfastes sur leurs économies.

La fermeture ne signifie pas pour autant que tout s’est éclairci. En effet, les autorités estoniennes et danoises ont découvert mardi qu’ils faisaient l’objet d’une enquête menée par l’Autorité bancaire européenne (ABE) à la demande de la Commission européenne. L’ABE doit déterminer s’ils ont rempli leurs obligations découlant de la procédure d’inspection et si toutes les sanctions requises étaient appliquées à l’égard de la succursale estonienne. En cas de manquements, l’ABE est tenue de fournir des recommandations.

Roumanie : Les ministres du commerce de l’UE font un point sur le libre-échange avec les États-Unis

Les 21 et 22 février, les ministres du commerce de l’UE ainsi que la commissaire européenne pour le commerce se sont rendus à Bucarest pour une réunion informelle. Elle avait pour but de mettre en exergue les actions entreprises par l’UE visant les réformes sur l’organe de règlement de différends au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et de la modernisation de celle-ci. Le Secrétaire d’État français aurait assuré le soutien de la France envers « un système commercial ouvert et multilatéral, fondé sur les règles ». De plus, le mandat de négociation d’un futur traité de libre-échange transatlantique a également figuré au menu de ces discussions informelles. À l’issue de la réunion, la commissaire européenne a révélé que les États membres allaient très prochainement trancher sur la date du début des négociations une fois que le Parlement européen aurait donné son vote. Nonobstant l’optimisme de la commissaire, certaines questions restent toujours à négocier. En effet, si l’Allemagne souhaite l’accélération du processus de négociations, la France opte pour son décalage à la fin des élections européennes.

Moldavie : Pourquoi le résultat des élections législatives devrait préoccuper les Européens ?

Le dimanche 24 février à partir de 7H00 les Moldaves se sont rendus aux urnes pour voter aux élections législatives. Les résultats vont être annoncés demain matin. Depuis le recouvrement de l’indépendance de la Moldavie les habitants de cette petite ancienne République soviétique se prononcent pour ou contre un rapprochement avec la Russie. Le parti socialiste du Président Igor Dodon arrive en tête des sondages. Ce dernier, en fonction depuis 2016, ne cache pas ses liens étroits avec Vladimir Poutine. Ces premiers résultats ne sont pas surprenants. En effet bien que le parti majoritaire pro-européenne ait réussi à signer un accord d’association en 2013 et de libre échange en 2014, il est embourbé dans de nombreux scandales et affaires de corruption. De plus, les Russes n’ont pas tarder à répondre à ce rapprochement avec l’UE en imposant des sanctions sur les produits agricoles moldaves. Par conséquent, en janvier 2017 le Président Dodon s’est prononcé pour l’annulation de l’accord commercial avec l’UE ce qui lui a accordé un geste amical de la part de son homologue russe. En effet, ce dernier a levé l’embargo en question, une décision habile qui va clairement influencer le vote des Moldaves.

Le résultat des élections représente aussi une dimension géopolitique pour la Russie car elle cherche dans la victoire d’un parti prorusse une possible réintégration de la Transnistrie prorusse à la Moldavie et limitrophe avec l’Ukraine.

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