Quels sont les défis de la présidence slovaque ?

Robert Fico, slovaquie, présidence de l'Union européenne

Le 1er juillet 2016, la Slovaquie a pris la tête de la présidence du Conseil de l’UE pour six mois. Quels sont les enjeux pour ce pays qui se présente comme europhile mais critique ?

Il y a un peu plus de deux mois, les Pays-Bas ont libéré le siège de la présidence du Conseil de l’Union européenne pour le laisser à la Slovaquie, une première depuis que le pays a rejoint l’UE en 2004. Durant ces six prochains mois, la Slovaquie sera chargée de planifier et de présider toutes les réunions du Conseil. Pour rappel, celui-ci est responsable de la négociation et de l’adoption de la législation de l’UE avec le Parlement européen.

Le programme slovaque repose sur quatre priorités : une économie plus forte et dynamique, une modernisation du marché unique, une politique en matière de migration et d’asile plus soutenable, et un engagement sur la scène mondiale. Elle intègre à ce programme trois principes directeurs : l’obtention de résultats concrets, la prévention de la fragmentation entre Etats et l’écoute des citoyens.

Un opposant à la politique de migration et d’asile

Petit pays de 5,4 millions d’habitants, qui est aussi membre de la zone euro depuis 7 ans, la Slovaquie se fait entendre régulièrement au sujet de l’accueil de réfugiés. Le Premier ministre social-démocrate réélu en mars, Robert Fico, s’oppose vigoureusement au système européen de quotas obligatoires, qui lui imposerait d’accueillir environ 800 personnes contre une dizaine par an actuellement. En décembre, il a même porté plainte contre le Conseil de l’UE et a refusé de payer des amendes. Récemment, Bratislava n’a accepté de faire venir 25 familles irakiennes que parce qu’elles étaient chrétiennes et éduquées, « d’authentiques victimes » selon les termes du ministre de l’Intérieur Robert Kalinak.

Un premier ministre sous tension

Au niveau national, la situation politique est assez tendue : Robert Fico, bien que vainqueur des élections, a perdu sa majorité et le parlement est très fragmenté avec 8 partis pour 150 sièges. Le gouvernement fait également face à des accusations de corruption : l’opposition accuse le ministre de l’Intérieur de fraude fiscale d’un montant de plusieurs dizaines de millions d’euros. Elle pointe aussi du doigt un homme d’affaires, ami de ce même ministre, qui aurait escroqué le fisc et qui fournit au Premier ministre un penthouse luxueux à prix d’ami. Les scandales ne conduisent généralement pas à des conséquences judiciaires, mais l’opposition pourrait profiter de l’attention portée à la Slovaquie pendant ces six mois pour faire encore plus pression sur la gauche et la faire chuter. Le pays doit enfin faire avec la percée de l’extrême-droite. Mené par le néo-nazi Marian Kotleba, le parti ultranationaliste, europhobe et xénophobe Notre Slovaquie qui a fait son entrée au parlement national en mars fait circuler une pétition pour un référendum sur la sortie de la Slovaquie de l’UE, une promesse électorale.

Les six prochains mois ne seront donc pas de tout repos pour Robert Fico qui laissera ensuite la place à Malte pour sa présidence du premier semestre 2017.

 

 

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