Livres, films, musique : la crise des migrants dans la culture

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Sujet au cœur de l’actualité, la crise des migrants est souvent perçue par le prisme de reportages larmoyants. Eurosorbonne vous propose une sélection de romans, bandes dessinés, documentaires, et musée destinés à porter un autre regard, plus humain et plus vif.

Livres
Films et documentaires
Musique
Exposition

Livres
Franchir la mer, Wolfgang Bauer (2016)

Parmi les nombreux ouvrages parus sur les récentes, et actuelles, tragédies de la crise migratoire, celui-ci apporte un regard humain mais sans pathos. En 2014, Wolfgang Bauer, grand reporter allemand décide d’embarquer avec des Syriens pour traverser la Méditerranée. Il n’y parviendra jamais, l’embarcation où il a pris place s’est faite arrêtée par les garde-côtes égyptiens. Également kidnappé par un passeur, il s’est confronté au pire de cette crise. Peu importe : d’un article de presse qui lui a valu le prix Ouest-France Jean-Marin au festival de Bayeux-Calvados, son récit est devenu un livre exceptionnel, fort, et qui rappel la dimension humaine d’un drame devenu quotidien.

 

 

 

146 pages, Lux editeur, 16€

 

Migrant, Eioin Colfer, Andrew Donkin et Giovann Rigano (2017)

Sujet particulièrement fertile pour des auteurs de bandes dessinées, la question migratoire a inspiré les trois auteurs irlandais et anglais. L’histoire se concentre sur Ebo, un petit nigérien de 12 ans candidat au départ pour l’Europe en embarquant sur un petit bateau de fortune. Le Monde propose d’en découvrir les 44 premières pages, la BD est sortie le 4 octobre.

 

 

 

 

 

Lire les premières pages ici

144 pages, Hachette Comics, 17,95€

 

Ulysse from Bagdad, Eric-Emmanuel Schmitt (2008)

Ulysse from Bagdad est le récit du périple de Saad Saad, un jeune irakien, qui veut quitter Bagdad. Après avoir vécu le chaos de la guerre, la privation, la faim et survécu à un attentat suicide, il est encouragé au départ par sa mère et démarre son voyage en Égypte, en Lybie, à Malte, en Sicile et en France pour finalement atteindre l’Angleterre. Saad, c’est un Ulysse des temps modernes : il affronte les tempêtes, survit aux naufrages, échappe aux trafiquants d’opium, ignore le chant des sirènes, et doit s’arracher aux enchantements amoureux. Mais l’œuvre d’Homère, c’est l’histoire d’un retour vers le pays natal, alors que Saad fuit la guerre pour trouver son chez lui.

Sur fond d’Odyssée, Eric-Emmanuel Schmitt aborde avec finesse les questions actuelles liées à la problématique de l’immigration. Ulysse from Bagdad, c’est un récit profondément humain sur la condition de l’exilé. Saad met en exergue les affres de la guerre, de l’exil, et la dignité nécessaire d’être clandestin. Mais surtout, c’est l’histoire d’une quête identitaire : le héros veut tout recommencer dans un pays qui lui est étranger, sans s’identifier pour autant à son pays natal et sa culture, aux vues de son mépris pour ce que Saddam Hussein a fait de l’Irak.

A cheval entre le thème de la guerre et de l’exil, Eric-Emmanuel Schmitt nous livre une fable pleine de charme et teintée d’humour pour interroger la condition humaine…

300 pages, Albin Michel, 7,10€

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Films et documentaires
Fuocoammare – par-delà Lampedusa, Gianfranco Rosi (2016)

Symbole du drame migratoire qui s’opère en Méditerranée, l’île de Lampedusa est l’objet de ce documentaire du maitre italien Gianfranco Rosi. Primé dans tous les grands festivals durant sa carrière, le réalisateur a posé sa caméra sur cette île pour un film à deux visages, où les protagonistes ne se croisent pas mais se font écho. D’un côté, le petit Samuele, garçon insouciant qui profite de la douceur de l’île. De l’autre, des migrants en quête d’avenir meilleur en Europe, recueillis en mer par les personnels militaires et soignants italiens. Les morts se comptent souvent par dizaines et Gianfranco Rosi filme magnifiquement, mais simplement et sans artifice inutile, le sujet est beaucoup bien trop grave, le quotidien de ces hommes et de ces femmes confrontés à chaque instant à un drame qui bien souvent les dépasse.

 

Un paese di Calabria,  Shu Aiello, Catherine Catella (2017)

Loin du stigmate du réfugié non désiré, malheureux ou violent, “un paese di Calabria” est un documentaire imprégné de générosité. Il raconte comment l’arrivée de centaines de migrants kurdes, à Riace, permet au « village de Calabre » de retrouver une seconde vie. Le récit de cette harmonie entre anciens habitants et nouveaux arrivants exalte l’humanité qui est en nous. En somme, un film d’espoir qui fait du bien.

 

Calais, les enfants de la Jungle (2017)

En France, c’est à Calais que le passage des migrants résonne le plus. Et parmi ces milliers de réfugiés se trouvent aussi des milliers d’enfants. C’est à eux que ce documentaire donne la parole. Ce film rassemble de nombreux témoignages de ces mineurs qui tente chaque jour de rejoindre l’Angleterre en s’agrippant aux camions à l’arrêt. Ils racontent la faim, les conditions de vie atroces, les viols, la violence des CRS et celle des passeurs : “Leur but est de réussir à passer coûte que coûte” (Christian Salomé, président de l’association L’Auberge des migrants). “Un documentaire nécessaire” (France Inter) qui met en évidence les manquements de l’Etat aux droits des mineurs.

 

On the Bride Size, (2014)

Un journaliste et un poète rencontrent à Milan cinq Syriens et Palestiniens qui ont fui la guerre et ont accosté en Europe sur la plage de Lampedusa. Ils décident de les aider à rejoindre la Suède, leur objectif. Pour passer inaperçus et franchir les frontières, ils ont une idée : simuler un mariage, avec des invités, parmi lesquels les migrants se glisseraient. Personne n’arrête un convoi de mariés. Une jeune militante italiano-palestinienne accepte de jouer le rôle de la mariée, et de nombreux amis italiens, ou palestiniens, mais dont la situation est régularisée, les rejoignent. L’histoire est vraie, et On the bride side est un documentaire qui a été tourné au cours de cette supercherie. Entre rires et angoisse, le film de cette farce montée de toute pièce pour la survie de quelques personnes est poignant.

 

Welcome, Philippe Lioret (2009)

Bilal est un jeune kurde irakien, sans papier, qui est bloqué à Calais. Souhaitant rejoindre l’Angleterre pour devenir footballeur dans son club préféré, le Manchester United, il paie un passeur pour se faufiler dans un camion, mais est arrêté. Il décide alors de franchir la mer à la nage, et rencontre à la piscine municipale Simon, maître-nageur et ancien champion de France de natation, qui touché par le destin du jeune homme, va décider de l’aider. Ce film très humain montre le désoeuvrement et la souffrance des milliers de personnes bloquées à Calais, dans des conditions de vie déplorables, et qui subissent au quotidien l’animosité de certains habitants. Mais Welcome met aussi en avant la solidarité dont font preuve des citoyens, qui décident d’aider et de soutenir les sans-papiers, parfois dans l’illégalité. Ce film a permi de faire parler du délit de solidarité, qui consiste à punir pénalement des Français qui auraient apporté leur aide à des migrants sans papiers, et qui est largement décrié par la société civile. Un film humain, poignant, qui a obtenu le prix LUX du Parlement européen en 2009.

 

Eden à l’ouest, Costa-Gavras (2009)

L’odyssée d’Elias commence sur la méditerranée, tout comme le périple d’Ulysse, dans la mythologie grecque. Comme des centaines d’autres migrants, le jeune homme fuit son pays natal sur un cargo minable, secoué par les vagues, dans l’espoir de rejoindre Paris. Comme les autres, il accoste en Grèce, où les autorités tenteront de mettre la main sur lui. Son parcours – presqu’initiatique- en Europe est semé d’embûches, de rencontres, d’égoïsmes, de préjugés mais aussi de générosité. Il se déshabille pour se fondre dans un groupe de naturistes, est caché par une touriste allemande dans son lit, est abandonné en pleine montagne par un couple en conflit, accueilli par d’autres sans-papiers, etc. Costa-Gavras signe un conte touchant, entre comédie et cynisme, sur les épreuves d’un migrant en Europe, et la désillusion d’un eldorado européen depuis longtemps disparu, mais auquel tant de malheureux dans le monde continuent à rêver.

https://www.youtube.com/watch?v=_KbvvvwFKvI

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Musique
Borders, MIA (2009)

MIA, rappeuse britannique originaire du Sri Lanka, a fait écho à l’actualité lorsqu’elle a sorti le clip de sa chanson “Borders” (littéralement, Frontières). On y voit des références très explicites à la crise des migrants, et au drame des bateaux coulés en pleine mer méditerranée.

 

Ouvrez les frontières, Tiken Jah Fakoly (2007)

La musique écrite par le plus célèbre des reggaemen africains, Tiken Jah Fakoly, en partenariat avec le français Soprano, est très équivoque. Elle dénonce l’inégalité entre les droits à la mobilité des personnes issues de pays riches, qui peuvent se rendre en Afrique pour leurs voyages, et le refus obstiné de recevoir en Europe des Africains.

 

C’est déjà ça, Alain Souchon (1994)

L’un des premiers grands succès musicaux sur la thématique de l’immigration a été écrite par Alain Souchon en 1994, et reprise par le groupe Tryo vingt ans plus tard. Cette chanson très poétique raconte l’exil d’un Soudanais habitant Belleville, à Paris, et repensant à sa terre natale.

https://www.youtube.com/watch?v=jBIWL9S32QQ

 

Boat People, Stand High Patrol (2012)

Le groupe breton de soundsystem dub Stand High Patrol a écrit Boat People en 2012, avant le début de la crise migratoire majeure, mais les inégalités de richesse dénoncées dans cette chanson sont toujours d’actualité.

 

Do You Hear Me Calling, Ti.po.ta (2012)

Le groupe formé très récemment par Manu Chao et sa compagne grècque, Klelia Renesi, ont lancé le projet Ti.po.ta, en 2017. Dans Do you hear me calling, le chanteur de Clandestino dénonce l’égoïsme des Etats face à la crise migratoire. Dans le clip, la caméra suit de véritables migrants, et les bénéfices de la chanson seront reversé au City Plaza Hotel, un hôtel d’Athènes qui avait fermé pendant des années, avant de rouvrir pour proposer un hébergement aux réfugiés.

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Exposition
Le musée national de l’histoire de l’immigration

Et pourquoi ne pas comprendre l’immigration en la mettant en perspective, dans le temps long ? Le musée national de l’histoire de l’immigration (métro/tram : Porte Dorée) met ainsi en lumière, par des collections riches et multimédias, près de 200 ans d’histoire de l’immigration en France. Le Palais de la Porte Dorée, symbole du passé colonial de l’Hexagone, propose également une programmation exceptionnelle avec le festival Welcome ! – Migration et hospitalité dans le cadre du 10e anniversaire du musée.
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Elena Blum, Noémie Chardon, Lou Counil, Corentin Gorin, Josselin Petit, Amélie Ponchon.

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