Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (05.03 – 11.03)

Elena Blum, Jean Quatremer, semaine

La vague “anti-système” ressentie dans toute l’Europe se poursuit en Italie avec le rejet des candidats “classiques”, l’Arménie se dote d’un nouveau Président, Donald Trump se lance dans une guerre commerciale avec l’UE, Jean Quatremer révèle les tractations de la Commission européenne, et les athlètes européens, très nombreux aux Jeux paralympiques.

ITALIE : la victoire des partis anti-système

C’est un signal fort que les Italiens ont envoyé à leurs anciens dirigeants, dimanche dernier. Que ce soit Silvio Berlusconi ou Matteo Renzi, aucun des deux candidats, anciens Présidents du Conseil n’ont obtenu de résultat probant. Face à eux, Matteo Salvini, de la Ligue (anciennement Ligue du Nord), et Luigi Di Maio, leader du Mouvement 5 Étoiles (M5S), ont su s’attirer les faveurs de la population. Le M5S a été le parti remportant le plus de voix, avec 32% des suffrages, mais la Ligue est le parti majoritaire, dans la coalition formée avec Forza Italia, qui a remporté les élections avec 37% des voix. C’est désormais au Président de la République, Sergio Mattarella, de décider quel type de gouvernement il encourage, et de voir si l’un des partis parvient à se lier avec un autre groupe pour former une majorité. Dans l’attente de la formation d’un gouvernement, c’est celui de Paolo Gentiloni qui reste au pouvoir.

ARMÉNIE : un nouveau Président aux pouvoirs diminués

L’Arménie a un nouveau Président de la République : Armen Sarkissian. Appartenant au Parti républicain d’Arménie, plutôt à droite, ce diplomate modéré (il a été Ambassadeur de l’Arménie à Londres) est le premier Président arménien depuis la réforme constitutionnelle de 2015 faisant de l’Arménie un régime parlementaire. Sa fonction sera donc majoritairement honorifique, les prérogatives régaliennes restant aux mains du Premier ministre. Le Président actuel, Serge Sarkissian (ils portent le même nom mais ne sont pas liés) a mis en place les manœuvres pour, selon ses opposants, devenir Premier ministre et garder le pouvoir. L’Arménie est actuellement dans une position géopolitique compliquée : en conflit avec la Turquie, à l’ouest, pour des raisons historiques (notamment la reconnaissance du génocide arménien de 1915), l’Arménie est aussi en conflit avec l’Azerbaïdjan, à l’est, en raison d’un groupe de séparatistes qui ont déclaré la région du Haut-Karabakh indépendante, en 1991.

>>> Lire aussi : Élections en Europe : enjeux et échéances de l’année 2018

ÉTATS-UNIS : la politique protectionniste de Trump contre l’UE

Le 8 mars, Donald Trump a imposé des taxes sur l’importation de l’acier (25%) et de l’aluminium (10%), qui devraient entrer en vigueur dans deux semaines. Ce virage protectionniste, annoncé au cours de sa campagne, vise directement l’Union européenne. En effet, le Canada, premier fournisseur des États-Unis, ainsi que le Mexique, seront exemptés des taxes. Si Angela Merkel a affirmé, vendredi, que dans une telle guerre commerciale, “personne ne va gagner”, le Président des États-Unis a quant à lui affirmé qu’une telle guerre était “bonne et facile à gagner”. L’UE a annoncé, via la Commissaire à la concurrence Margrethe Vestager, que le dialogue serait priorisé, mais plusieurs produits américains (Harley Davidson, beurre de cacahouète, bourbon…) verront leurs taxes augmenter pour compenser la décision américaine, dans le cas où le dialogue ne résoudrait pas la crise.

INSTITUTIONS : les révélations de Jean Quatremer sur le Selmayrgate

Le journaliste français a-t-il débusqué une énième machination européenne ? Jean Quatremer, correspondant pour Libération à Bruxelles depuis 1990 avait déjà à son actif la chute de la Commission Santer, la révélation concernant la minimisation des risques de la vache folle par la Commission européenne, il a été le premier à évoquer les comportements sexuel ambigu, voire malsain de Dominique Strauss-Kahn. Ces dernières semaines, il a révélé que Martin Selmayr, le tout-puissant chef de Cabinet de Jean-Claude Juncker depuis 2014, a été nommé Secrétaire général adjoint, puis Secrétaire général de la Commission européenne, en dépit des règles de nomination. L’Allemand, qui avait déjà une influence considérable sur le Président de la Commission européenne, accède au plus haut poste administratif de la machine européenne… sans avoir passé le moindre concours de fonctionnaire. Procédures faites dans le dos des Commissaires, non-respect des règles (il doit y avoir au moins deux candidats, dont au moins une femme, qui s’est retirée dès la fin des candidatures), la Commission a renvoyé une image très opaque, dissimulant la vérité, comparant  Quatremer à “Robespierre”, avant de reconnaître avoir menti.

>>> Pour suivre l’affaire, lire les articles de Jean Quatremer sur son blog, Coulisses de Bruxelles

SPORT : ouverture de jeux paralympiques très européens

C’est dans un fort contexte de détente entre la Corée du Nord, celle du Sud et les États-Unis, que se sont ouverts, vendredi, les jeux paralympiques de Pyeongchang. Si l’annonce d’une prochaine rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un a quelque peu occulté l’actualité sportive de la Corée du Sud, ces jeux restent très significatifs : jamais des jeux paralympiques d’hiver n’avaient accueilli autant de nations et de sportifs. Les Européens sont très majoritaires, avec 32 pays sur les 49 présents, et 307 des 570 athlètes. Six épreuves se dérouleront, jusqu’au 18 mars : biathlon, curling en fauteuil roulant, hockey sur luge, ski alpin, ski de fond, snowboard. En deux jours, les athlètes venus d’Europe l’emportent déjà, avec 34 médailles sur 52, dont 3 en or pour la France et la Slovaquie.

>>> Lire aussi : La lutte antidopage : une longueur de retard ? 

Elena Blum

Ancienne présidente d'Eurosorbonne, co-fondatrice du journal, journaliste professionnelle, j'aime le bourgogne blanc, les chats et l'idée d'une Europe sociale.

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