Que s’est-il passé en Europe cette semaine ? (11.02 – 17.02)

Elections anticipées en Espagne, nouvelle Autorité du travail en Europe, abandon de la pêche électrique par l’UE, ratification d’un accord de libre-échange avec Singapour, diplomatie américaine contre diplomatie européenne : les actualités européennes de la semaine

Espagne : des élections législatives anticipées

Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a déclaré, le 15 février, la tenue d’élections législatives anticipées le 28 avril 2019. Cette annonce suit le rejet du budget 2019 du gouvernement socialiste par le Parlement, les partis de droite s’érigeant contre. Le Partido popular, Ciudadanos, Vox, suivis par les indépendantistes catalans ERC et PDeCAT ont cumulé 191 voies sur 350. Face à ce blocage qui coïncide avec le procès des séparatistes catalans, M. Sanchez a perdu sa coalition et a donc décidé d’organiser des élections anticipées pour tenter de recouvrer sa légitimité. Actuellement, les tensions politiques sont vives en Espagne, au moment où les indépendantistes catalans contestent le procès des leaders séparatistes et quand le gouvernement a entamé le processus d’exhumation de Franco. La question de la mémoire de la dictature fait encore polémique, et ravive les conflits entre la droite et la gauche espagnoles. C’est dans cette atmosphère tendue que le vote du budget s’est déroulé, étant une opportunité pour l’opposition d’exprimer son désaccord face aux actions du gouvernement Sanchez.

UE : création d’une Autorité du travail

Jeudi 14 février, le Parlement européen s’est accordé avec les Etats membres pour créer une Autorité européenne du travail, visant à protéger les droits des travailleurs européens, notamment transfrontaliers. Malgré les directives passées ces dernières années pour améliorer les règlements en place, leur application a toujours été difficile et mal respectée par manque de coordination entre les pays. Cette nouvelle Autorité du travail a donc pour but de lutter contre les abus, fraudes et autres violations du droit des travailleurs européen vivant dans un autre Etat membre. Pour ce faire, l’entité pourra mener des inspections et aidera les autorités nationales à faire respecter les règles européennes sur leur territoire. Soutenu par la majorité qualifiée, cet accord est appuyé par les syndicats qui ont réussi à obtenir le fait de porter plainte directement auprès de l’autorité, sans passer par les autorités nationales. Sur base de participation par volontariat, l’ELA va cependant avoir la capacité d’effectuer des suivis dans les pays non participants, ainsi que de demander des raisons valables en cas de refus d’inspection. La commissaire à l’emploi Marianne Thyssen se félicite de cette avancée pour « un marché du travail équitable en Europe ».

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Pêche : la pêche électrique sera bannie de l’UE en 2021

Le Parlement européen a réussi à s’accorder avec les Etats membres sur l’interdiction de la pêche à impulsion électrique d’ici mi-2021. Cette pratique controversée a été accordée à titre « expérimental » pour les Pays-Bas en 2018, ce qui avait mené à des contestations de la part des pêcheurs français notamment, pour cause de concurrence déloyale et de destruction des fonds marins. La technique est vivement critiquée par les écologistes et scientifiques, car elle consiste en l’électrocution des poissons au fond de la mer pour les ramasser avec des filets en masse, détruisant toute faune dans la zone touchée. Les eurodéputés avaient déjà exprimé leur opposition à ce type de pêche mais le Conseil européen n’est pas du même avis, arguant les retombées économiques pour le secteur néerlandais de la pêche. Cet accord, conclut le 13 février, permet aux Etats membres d’interdire l’utilisation de la pêche électrique, l’arrêt de la pratique étant fixée progressivement jusqu’en 2021. Les partisans de cette pêche au Pays-Bas déplorent la fin d’une « pêche innovante et durable », tandis que la France et le Royaume-Uni saluent la décision.

EUSTFA : l’UE adopte un nouveau traité de libre-échange avec Singapour

Le 13 février, un accord de libre-échange entre l’Union européenne et Singapour a été approuvé par le Parlement européen, signant le premier traité entre le Vieux Continent et un pays d’Asie du Sud-Est. Il s’agit pour Singapour de supprimer ses taxes sur les produits européens, de reconnaître les tests de sécurité européens, notamment automobiles et les labels européens du textile. C’est aussi l’opportunité d’ouvrir le marché de la télécommunication, l’informatique, l’ingénierie, du transport maritime et des services environnementaux à l’Europe. A côté de cet accord, un traité sur la protection des investissements et un accord de partenariat commercial se sont négociés, modifiant les règles précédentes en un cadre commun pour les investissements. Singapour est actuellement la première destination asiatique pour les entreprises européennes, comptabilisant plus de 10 000 entreprises et 53 milliards de biens. La Commission européenne salue un « accord gagnant-gagnant » qui confirme, selon EuroCommerce, la position de l’UE comme « acteur clé qui promeut le système d’échange international ».

Conférence de Varsovie / Sommet de Munich : Les Etats-Unis contre l’Iran, l’UE tient tête

La Conférence de Varsovie sur la paix et la sécurité au Moyen-Orient a eu lieu du 13 au 14 février, regroupant 65 pays suite à l’appel des Etats-Unis. Étaient présents notamment Israël et la Pologne, mais de grands absents comme la Russie et la Turquie, ainsi que les ministres des affaires étrangères français et allemand a donné le ton. Washington, représenté par le vice-président Mike Pence et son secrétaire de la défense Mike Pompeo, a martelé sa position anti-Iran et sommé ses alliés à suivre cette voie au Moyen-Orient, critiquant ouvertement la position modérée de l’UE. A suivi la conférence sur la sécurité de Munich, du 15 au 16 février, où les visions différentes de la relation transatlantique se sont confrontées entre Mike Pence et Angela Merkel. Le premier plaidait pour une Europe qui suit son allié américain, quand la chancelière allemande faisait l’éloge du multilatéralisme. La question de l’accord sur le nucléaire avec ou sans l’Iran est au cœur des tensions, divisant Européens et Américains sur leur politique au Moyen-Orient.

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